Généralités - Définition des termes
Catalogue et base de données
Quelques évidences méritant peut-être d’être rappelées :
Les bases de données sont la forme moderne des anciens catalogues imprimés. Elles permettent de :
- Retrouver un document selon divers critères de recherche (par exemple, par nom, titre, thème, mot-clé, date, lecture en plein texte…). Il n’est plus obligatoire de lire le catalogue de A à Z pour trouver ce qu’on cherche.
- Classer et trier les documents. Voir par exemple dans « Caractéristiques » la notion de titre critique, permettant de regrouper les différentes variantes d’un même chant alors qu’elles sont à l’origine désignées par des titres divers.
- Mettre en évidence des liens avec d’autres catalogues traitant du même sujet ou de sujets voisins. Par exemple, dans notre cas, le catalogue de la chanson de tradition orale en langue bretonne.
- Renvoyer aux cotes des bibliothèques ou collections privées où le document original a été consulté.
- Enrichir de manière constante le fonds documentaire.
Par ailleurs la technologie moderne permet d’offrir la visualisation d’une reproduction des documents eux-mêmes et un accès gratuit via internet là où les anciennes éditions papier ne permettaient que de signaler des références.
Par la suite, dans cette présentation, nous ne parlerons que du site mis à disposition du public mais il est évident, qu’en arrière-plan, le site ne fonctionne que parce qu’il y a une base de données.
« Chansons »
« Chansons » est considéré ici comme un terme générique.
En effet, les textes réunis dans ce site sont effectivement, dans la très grande majorité des cas, composés pour être chantés. La mention « sur l’air de… » l’atteste explicitement.
D’une manière générale, toutes ces productions ont en commun le fait d’être versifiées.
Mais leur statut et leur finalité peuvent être très variables :
- Chants profanes effectivement chantés ou voulus comme tels, et traitant de toutes sortes de sujets.
- Chants devenus populaires et passés dans la tradition orale bretonne.
- Chants de tradition orale bretonne (avant d’être imprimés).
- Poèmes sans indication de timbre et, peut-être, jamais chantés. Comment le savoir ?
- Chants à contenu religieux, avec toute l’incertitude des limites entre des vies de saints (au caractère proche des complaintes ou gwerz), des cantiques en l’honneur de…, des prières (suppliques), etc. et en gardant à l’esprit que certains cantiques peuvent être plus « populaires » que des chansons profanes et s’entendre un peu partout, y compris lors des 3èmes mi-temps de match de foot.
- Pièces éphémères : par exemple à caractère politique, revendicatif (chansons de grèves…), évènementiel (anniversaires, inauguration…).
- De manière très marginale, des textes non versifiés se trouvent également référencés ici pour des raisons diverses (proximité avec des pièces chantées ou constituant une documentation éclairant celles-ci, pièces réunies par les collectionneurs eux-mêmes dans leur corpus de chansons…).
Il est souvent de bon ton de fixer des limites à un corpus !
Autant ceci est nécessaire lors de la réalisation d’une œuvre de type littéraire, autant, dans le cadre de ce site, cette option a paru inopportune, voire inappropriée. En effet, quelle pertinence auraient des limites fixées arbitrairement, dépendant beaucoup plus des intérêts personnels de celui qui établit le corpus que de la bonne prise en compte des productions et des pratiques de la population, si diverses soient-elles. Il a donc été préféré ici de respecter cette diversité des pratiques, même si elles sont foisonnantes, à l’arbitraire de limites présupposées et largement artificielles.
On retrouve d’ailleurs, à une échelle différente, cette même problématique quand on considère le répertoire des chanteurs traditionnels. Tel chanteur préfèrera les chansons sentimentales, ou dramatiques, ou drolatiques, ou politiques, ou de composition contemporaine. Un catalogue ou une base de données n’ont pas pour vocation de favoriser et retenir un domaine plus qu’un autre.
En outre, l’observation des pratiques montre clairement que les chanteurs eux-mêmes se moquent des catégories : une chanson d’amour, un drame ou un cantique peuvent indifféremment accompagner l’épluchage des haricots verts ou la traite des vaches… et ces dernières émettent rarement des préférences !
Cette inadéquation de limites a priori se retrouvera d’ailleurs dans bien d’autres domaines, qu’il s’agisse des auteurs, des supports imprimés, de la langue, des thèmes (voir les chapitres correspondants). C’est l’observation des pratiques et des faits qui doit générer le principe de classement et non un principe arbitraire qui devrait décider de ce qui est pris en compte ou pas.
« bretonnes »
Car le site n’est concerné que par des productions faites en Bretagne, ou par des Bretons, tant en breton qu’en français (ou exceptionnellement en gallo), et généralement relatives à la Bretagne (soit du fait de la langue utilisée, soit du fait du sujet ou de la destination visée par la poésie).
Les pièces présentes sur ce site sont très majoritairement en langue bretonne car c’est ce domaine qui nous intéresse plus particulièrement (assumons notre subjectivité !). Mais il a été jugé préférable de prendre également en compte les chants en français, particulièrement quand ils étaient présents sur la même feuille volante que des chants en breton.
En l’état actuel du site, le travail de compilation des feuilles volantes en français n’a pas été fait. Une partie du travail a été commencée par Vincent Morel en ce qui concerne le domaine de la complainte criminelle mais il n’est pas encore intégré dans cette base.
Outre son caractère géographique et culturel, le terme « bretonnes » permettait de cerner le sujet sans pour autant rentrer dans les subtilités des termes « populaires » ou « traditionnels ». En effet, ces termes convenaient mal pour définir les pièces réunies ici.
Si certains chants peuvent être considérés comme « populaires » car ayant acquis une popularité, (ayant été diffusés assez largement, ayant fait l’objet de diverses éditions), parfois même étant rentrés dans la tradition orale, d’autres semblent n’être restés qu’œuvre écrite et quelque peu confidentielle (avec toute la prudence qu’impose notre méconnaissance des pratiques réelles malgré les quelque 150 000 enregistrements disponibles à Dastum).
« Imprimés populaires »
Nous retrouvons là le même caractère composite que celui déjà évoqué pour le terme « chansons ».
En effet, si ces pièces ont pour point commun d’avoir été diffusées par le biais de supports imprimés à bon marché, quand on regarde dans le détail, de nombreuses variantes sont à distinguer :
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Feuilles volantes :
C’est le terme couramment utilisé en Bretagne pour désigner des imprimés à bon marché sur papier de faible qualité, permettant de diffuser en particulier des chansons, et qui étaient vendus par des colporteurs dans les foires, marchés, pardons… (et qu’on trouve en anglais sous le terme de « broadsheet »).
Ces feuilles constituent la très grande majorité des pièces du site. Selon la popularité du chant, elles ont pu faire l’objet de multiples éditions qui sont détaillées ici.
Elles sont généralement de faible pagination, souvent 2 à 16 pages, mais certaines peuvent aller plus loin (24 ou 32 pages…). De même, on trouve toutes sortes de formats depuis des placards « grand quotidien » à des tailles très petites (7x9cm par exemple).
Ces feuilles peuvent se contenter de diffuser une seule chanson aussi bien qu’en regrouper une dizaine.
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Brochures ou petits livrets :
La différence est souvent ténue avec de petites brochures qui ne s’en singularisent que par la présence d’une agrafe au dos (par exemple les petits fascicules de la « La chanson bretonne au Front » (1916)).
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Coupures de presse :
À partir de la fin du XIXème, avec le développement de la presse, les chansons vont trouver là un nouveau média à bon marché. La fonction « gazette » des feuilles volantes va continuer en parallèle mais elle aura perdu sa quasi-exclusivité de l’information écrite. Par exemple : Kroaz ar Vretoned, le Courrier du Finistère…
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Revues :
Celles-ci vont se multiplier au début du XXème et contribuer à l’édition de poèmes et chansons dont certaines deviendront non seulement populaires grâce à cette diffusion mais aussi traditionnelles. Par exemple, une revue comme Dihunamb, sur la seule zone vannetaise, a connu des périodes où elle tirait à 20 000 exemplaires.
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Polycopiés :
La deuxième moitié du XXème va profiter des différentes techniques de reprographie permettant ainsi une diffusion gratuite, parfois militante ou prosélyte, de textes tapés à la machine à écrire, parfois accompagnés de notations musicales manuscrites.
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Manuscrits :
Bien qu’en principe hors du champ des imprimés populaires, les feuilles manuscrites intégrées à des collections de feuilles volantes ont aussi été traitées ici. D’autant que certains de ces textes sont en fait des copies manuscrites de feuilles volantes, d’autres sont des manuscrits polycopiés… Là encore, le côté artificiel de limites trop strictes est évident.
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Web :
Tant il est vrai que les chansonniers ont, au fil des temps, utilisé les techniques qui étaient à leur disposition pour diffuser leurs chansons, nous voyons aujourd’hui des compositions populaires fleurir sur internet dans toutes facettes possibles (e-mails, Youtube, flashmob…). Avec ce média on retrouve en effet les principaux atouts qu’avait déjà la feuille volante : immédiateté, support bon marché et même gratuit, parole ouverte à qui veut la prendre, accessibilité pour le public…
La prise en compte de ces différents supports s’avère en outre utile car ils se complètent souvent les uns les autres. Ainsi, une chanson pourra être éditée de manière anonyme dans une feuille volante ou un livret mais faire l’objet d’informations complémentaires (d’auteur ou de date, par exemple) sur une coupure de presse ou dans une revue.
Dans l’immédiat, les livres n’ont pas été pris en compte ici par simple contingence de temps et de priorité et non par principe. En effet, l’intérêt primordial reste l’œuvre et non son support matériel.
En outre, il est plus riche d’enseignements de pouvoir suivre la circulation d’une œuvre (dans un livre, une coupure de presse, une feuille volante et dans l’oralité) que d’ignorer cette diversité au nom de limites arbitraires.