Chansons bretonnes sur imprimés populaires
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Auteur : Gourvil (Francis)

Référence : A-00236
Nom : GOURVIL
Prénom : Francis
Variantes de nom : Barr-Ilio, Pôtr Montroulez

Liste des chants recensés pour cet auteur : (8 chants)

Notice du catalogue Ollivier

Gourvil (Francis). Nom de barde : Barr-Ilio. Né à Morlaix le 5 juillet 1889. Il exerça d’abord la profession de tailleur, et travailla quelque temps en cette qualité chez Pierre Jaouan, dit Pipi Talon (voir ce nom). C’est à cette époque, et probablement sous l’influence de L. Le Guennec, qu’il commença à s’intéresser à la « matière » bretonne. Avec ce dernier et quelques autres, il fonda à Morlaix un petit cercle breton : le local, où ils se réunissaient, était une modeste mansarde ou grenier dans une maison sise à gauche sur les escaliers qui de la plate Thiers conduisent à l’église Saint-Melaine Le départ de Morlaix de quelques-uns des membres les plus actifs — parmi lesquels Gourvil — amena la disparition du petit groupement. En 1909 en effet, F. Gourvil quittait sa ville natale pour aller à Carhaix travailler sur son métier de tailleur : Carhaix l’attirait à cause du rayonnement qu’exerçait le mouvement breton créé par Jaffrennou avec le journal Ar Bobl et la revue Ar Vro. C’est dans ce journal et cette revue que parurent ses premiers articles en breton et ses premiers essais de poésies bretonnes.
A ses moments de loisirs, F. Gourvil s’occupait à recueillir des chansons populaires bretonnes : il en avait pris le goût pendant qu’il travaillait chez Pipi Talon, dans l’atelier duquel on chantait beaucoup tout en tirant l’aiguille ou en maniant le fer à repasser. A Carhaix, à peine arrivé, il avait fait connaissance de l’ouvrier imprimeur H. Laterre (Bodlann) qui lui aussi s’intéressait à la chanson bretonne. Tous deux réunirent ce qu’ils avaient rassemblé et en collaboration publièrent le recueil Kanaouennou Breiz-Vihan (Keraez, Moullerez Ar Bobl, 1911; in-12, XVI-182 p.; airs notés), que préfacèrent A. Le Braz et M. Duhamel; Jaffrennou y joignit quelques vers à l’adresse des deux auteurs. Cette publication, devenue aujourd’hui introuvable, est intéressante, bien qu’elle se ressente trop de la méconnaissance très excusable que les deux jeunes collecteurs avaient de la chanson populaire imprimée ou déjà recueillie.
Vers 1909, la librairie Le Goaziou, de Morlaix, désira publier une nouvelle édition de Buez ar perar mab Emon (1), que réclamaient fréquemment les campagnards du Bas-Tréguier. Mais cette nouvelle édition elle la désirait avec des retouches qui porteraient non sur le fond mais sur le vocabulaire trop émaillé de mots français habillés à la bretonne. F. Gourvil pressenti accepta de faire ce travail de retouche. Il se mit à l’œuvre mais reconnut bien vite que c’était chose impossible sans refaire en entier le vieux mystère : il n’y avait guère de vers susceptibles d’être conservés. Le premier projet fut donc abandonné et, d’accord avec l’éditeur, Gourvil écrivit la Buez en prose : son texte suivait le mystère pas à pas (Morlaix, Le Goaziou, 1911; in-12, 326 p.). Quoi qu’en dise l’auteur qui y voit un « péché de jeunesse », sa Buez a de la valeur, et j’avoue que j’ai pris plus de plaisir à y suivre les multiples aventures des quatre frères que dans le vieux mystère. Ce n’est cependant pas l’avis du public campagnard trégorois qui lui préfère toujours la vieille Buez en vers.
Grâce au concours de quelques personnalités bretonnes, au nombre desquelles il faut surtout citer A. Le Braz qui l’avait pris en grande affection lors de la publication de Kanaouennou Breiz-Vihan, F. Gourvil obtint du Conseil Général du Finistère une bourse d’études. Cette bourse lui permettait d’aller à la Faculté des Lettres de Rennes entreprendre des études de linguistique bretonne, vers lesquelles son esprit était de plus en plus attiré. L’enseignement de M. Pierre Le Roux le mit à même d’approfondir les connaissances qu’il possédait de sa langue maternelle et d’apprendre le gallois qu’il ignorait. En 1914, il se rendit au Pays de Galles pour se perfectionner dans la langue galloise. Il y était encore quand éclata la guerre. Les difficultés de communications l’obligèrent à rester là-bas quelques semaines de plus qu’il n’avait prévu. Quelque temps après sa rentrée en France, il fit, dans le Nord-Finistère et le Bas-Tréguier, en compagnie de Pipi Talon, son ancien patron, une campagne de discours en breton destinée à faire rentrer l’or dans les caisses de la Banque de France : leur campagne commune fut couronnée de succès. En 1916, il conçut le projet de publier, pour les soldats et les matelots bretons mobilisés, une série de petits fascicules, sous le titre général : La Chanson Bretonne au Front. Deux fascicules seulement ont paru : Soniou koz brezonek (Rennes. Fr. Simon, 1916; in-12; 16 p.); Dibab Barzonegou ha Kanaouennou Barzed an XTXet kantved (Morlaix, Le Goaziou, 1916; in-12, 36 p.). Ne pouvant être soldat à cause de son infirmité native, et désireux toutefois de servir la France, F. Gourvil demanda à entrer dans le contrôle postal : à Pontarlier et à Dijon, où il séjourna, il était principalement chargé de surveiller la cor¬respondance en breton qu’écrivaient ou recevaient nos soldats.
La guerre terminée, F. Gourvil revint à Morlaix, et ouvrit sur la place Thiers une librairie à l’enseigne de « Ti Breiz ». Dans le même temps, avec l’appui financier de quelques ardents Bretons auxquels il s’était ouvert de son projet durant les derniers mois de 1918 ou les premiers de 1919, il fonda à Morlaix un hebdomadaire, Mouez ar Vro. Malgré sa formule heureuse, ce journal ne répondit pas à l’attente que ses promoteurs avaient fondée sur lui : seuls, ou à peu près seuls, les Bretons lettrés qui forment le fond de clientèle de tout ce qui se publie en breton donnèrent leur adhésion et s’abonnèrent. Mouez ar Vro disparut après un an et quelques mois (13 septembre 1919 - ler janvier 1921).
Peu après, Gourvil commença à collaborer à La Dépêche de Brest, en adressant à ce journal des articles sur le Finistère et la « matière » de Bretagne. Cette collaboration, assez espacée d’ailleurs, ne dura que quelques années. Quelques-uns des articles sur le Finistère furent repris par lui un peu plus tard et, remaniés, mis au point, formèrent des pages du magnifique ouvrage En Bretagne qu’imprima en 1929 l’éditeur Arthaud, de Grenoble : c’est un des meilleurs livres qui aient été écrits sur la Basse-Bretagne. D’après ce qui m’a été dit, ce livre est celui de la collection « Les Beaux Pays » qui a eu le plus vif succès : deux éditions dont chacune a été tirée à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires.
Quand, sous la direction littéraire de Jaffrennou, parut le Consortium breton (février 1927), Gourvil y commença la publication, avec notes et traduction, du manuscrit de Jean Conan que L. Le Guennec avait découvert, vers 1911, dans la Bibliothèque du château de Lesquiffiou : Avanturio ar citoian Jean Conan a Voengamb. Le pauvre tisserand, qui habitait alors la commune de Trédrez, au convenant de Kerautret, y racontait en vers les campagnes auxquelles il avait pris part comme soldat, pendant la Révolution. Cette publication est restée malheureusement inachevée, et on ne peut que le regretter.
Vers 1931 ou 1932, F. Gourvil abandonna la librairie et devint rédacteur à l’Ouest-Eclair, avec résidence à Morlaix. La collaboration qu’il a donnée à ce journal est déjà considérable, et la liste de ses articles remplirait plusieurs pages. Les sujets qu’il aime à traiter sont relatifs à Morlaix et sa région, sous les aspects historique et économique. De temps en temps, et dans la mesure où la rubrique des faits-divers le permet, il y publie également des notes d’onomastique bretonne (noms de familles) que les lecteurs suivent avec un grand intérêt et qu’ils réclament plus fréquentes. Dès 1917, dans l’Union Agricole de Quimperlé, que dirigeait alors le barde Abalor (Léon Le Berre), et ensuite dans Mouez ar Vro, il en avait déjà fait paraître sur les noms de familles et de lieux. C’est actuellement son étude de prédilec¬tion : l’abondante documentation qu’il a déjà rassemblée et qu’il ne cesse d’accroître, jointe à ses connaissances linguistiques fait de lui le Breton qui connaît le mieux le sujet.
Pendant les quelques années que parut la Tribune, de Morlaix (18 juin 1932 - 6 février 1937), sous le pseudonyme de Queffleut — le Queffleut est une des deux rivières de Morlaix — F. Gourvil a commenté les faits de l’actualité dans un « Carnet » hebdomadaire. De temps en temps cependant il délaissait ces commentaires pour évoquer quelques souvenirs de sa jeunesse ou sur ses amis, ou pour parler d’un ouvrage ou d’un auteur intéressant la Bretagne. J’avoue bien humblement que ces « carnets » d’un autre genre avaient mes préférences.
La Société d’Études de Morlaix, dont il a été un des « ressusciteurs », l’a nommé son vice-président.
Il est un autre aspect de F. Gourvil dont je voudrais parler, avant de terminer, car il me semble que si je l’omettais, je ne donnerais pas de lui une physionomie complète : c’est son talent de chanteur. Il a commencé à se révéler au public depuis 1919, si je ne me trompe, et sa renommée n’a fait que grandir. Il n’est guère de réunion bretonne ou de congrès, même de banquets, où, quand on le sait présent, on ne réclame de lui quelques chansons, et il s’exécute avec bonne grâce. Sa belle voix est aimée du public, et l’on apprécie en lui l’intelligence avec laquelle il interprète le texte qu’il chante, ce qui n’est pas toujours le fait de quelques autres chanteurs connus. Les sociétés de Bretons, en Bretagne et hors de Bretagne, ne font pas en vain appel à son concours. Dans ces concerts bretons qu’on lui demande d’organiser, il sait se montrer à l’occasion un conférencier averti, dont le souci est, par son commentaire, de mieux faire goûter les mélodies qu’il va chanter.
En plus de la collaboration aux journaux et revues que j’ai indiqués, il y a lieu d’ajouter : Buhez Breiz, La Bretagne touristique, Morlaix-Plages, le Bulletin de la Société d’Etudes (Morlaix). — V. n°s 122 (sous le pseudonyme de Pôtr Montroulez), 656 (en collaboration avec Pipi Talon, mais de Gourvil).

(1) De tous les ouvrages bretons parus pendant le XIXe siécle — les ouvrages de piété et le Barzaz-Breiz mis à part — Buez ar pevar mab Emon est celui qui a eu le plus grand nombre d’éditions. Voici les dates de ces diverses éditions : 1818, 1833, 1843, 1866 (ces 4 éditions ont été imprimées par Lédan I et II), 1882, 1892 (ces deux dernières par P. Lamie, successeur de Lédan II). J’ai eu entre les mains toutes ces éditions, sauf celle de 1882, dont je donne la date d’après V. Tourneur (Rem Celtique, XXIV, 1903, p. 258, note 1), en faisant remarquer que Lédan II avait vendu son imprimerie et sa librairie à P. Lanoë en novembre 1880, avec prise de possession le 1.* décembre, et qu’il mourut à Morlaix le 3 août 1881. Une 7e édition — reproduction du texte de 1848 — a paru en 1928 par les soins de M. C. Le Mercier d’Erm, grâce aux libéralités de Lady Mond, née Manac’h (de Belle-Isle-en-Terre).
Luzel raconte quelque part qu’il tenait de Ledan II (il n’a pas connu Lédan I) que son père et lui avaient vendu, entre 1818 et 1866-1880, plus de dix mille exemplaires de Buez ar pevar mab Emon.
[Ollivier, La chanson populaire bretonne sur Feuilles Volantes, p. 282-287.]

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