Kanouennoù eus Breizh moullet evit ar bobl
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Distro d’an enklask

Oberour : Le Minous (Jean)

Dave : A-00468
Anv : LE MINOUS
Anv bihan : Jean
Adstummoù an anv : Ar Minouz (Yann), Le Minoux (Jean)

Roll ar c’hanaouennoù evit an oberour-mañ : (29 kan)

Notennig katalog Ollivier

Le Minoux (Jean). — Il écrit : Minouz, dans ses chansons — fils de Jouan Le Minoux, âgé de 25 ans, profession de marchand, et de Marie Le Morvan, âgée de 32 ans, filandière, est né à Lézardrieux (C.-du-N.) le 25 novembre 1827. Décédé, le 21 juin 1892, à Pleumeur-Gautier, où il s’était marié à Marie-Françoise Le Moullec.
A. Le Braz (Au Pays des Pardons, p. 121-141) a raconté la vie de Yann, qu’il rencontre — ou suppose rencontrer — un jour de pardon à Rumengol, où l’un s’était rendu pour chanter et vendre ses chansons, et l’autre pour noter la physionomie d’une de nos « panégyries » bretonnes. Aussi bien que lui, je ne saurais dire ce que fut cette existence d’enfant, rebelle à toute discipline, qu’attirait déjà la vie au grand air, et celle de l’homme mûr et père de famille qui préférait aller de bourg en bourg, de pardon en pardon chanter ses chansons, menant ainsi une vie plutôt misérable mais qui avait au moins pour lui l’agrément d’être libérée de toute entrave. Je prie le lecteur de se reporter au livre de Le Braz.
Qu’on me permette cependant de faire quelques remarques qui n’ôtent rien d’essentiel au récit de Le Braz.
L’enfant tant aimée de Yan, dont la perte le poussa à délaisser sa femme et ses autres enfants, s’appelait Marie-Yvonne; elle mourut non à l’âge de six ans, comme dit Le Braz, mais à celui de huit ans, le 27 décembre 1874. Je dois ce détail à M. P. Le Roux qui a été si aimable de faire à mon intention quelques recherches dans les registres de l’état civil de Pleumeur-Gautier.
« C’est par blocs de dix, de vingt mille exemplaires que le poète faisait imprimer ses élucubrations. » (p. 133). Pour avoir indiqué un tel chiffre, il apparaît qu’A. Le Braz n’a jamais compulsé les déclarations qu’obligatoirement faisaient les imprimeurs quand ils imprimaient quelque chanson. Le tirage était ordinairement de 1000 à 3000 exemplaires, et encore ce dernier chiffre était-il exceptionnel. On composait à nouveau le texte quand le tirage précédent était épuisé ou à peu près, et que la chanson obtenait du succès. N’ai-je pas lu quelque part que la gwerz Ar roue Gralon ha Kear Is avait été répandue presque aussitôt que parue, à plus de 100.000 exemplaires. La 1re édition de cette gwerz d’O. Souvestre, parue chez Le GofTic à Lannion, avait été tiré à 2000 exempl. (déclaration de l’imprimeur) et les tirages suivants, assez espacés, ne furent certainement pas supérieurs. Même en comptant toutes les éditions publiées par d’autres imprimeurs (J. Haslé, Letreguilly, A. Lajat) on est loin, très loin même, d’atteindre la moitié du chiffre donné.
Que dire de l’entrevue de Yann ar Minouz et de Yann ar Guen, dans la très modeste chaumière que ce dernier occupait avec sa femme à Crec’h-Suliet ? J’ai tout lieu de croire qu’elle n’est pas plus réelle que la rencontre de Le Braz avec Yann ar Minouz au pardon de Rumengol. Les indications que nous donne Le Braz (p. 129) relativement aux dernières années de Yann ar Guen ne correspondent pas à la réalité. Yann n’était pas « alors retiré sous la tente » : il a composé et chanté jusqu’à la fin de sa vie. Moins certes, et ses déplacements, vu son âge, étaient aussi moins lointains. De l’année même de sa mort (1849) — à cette date Yann ar Minouz avait 22 ans — nous avons de Yann ar Guen une gwerz, imprimée chez Le Goffic, à Lannion « en l’honneur de Louis-Napoléon, et de la République française » (n° 939). Yann faisait imprimer, en vue de chanter et de vendre. Si l’on s’en rapporte à ce qu’a dit Le Braz du barde aveugle dans la préface des Soniou (p. XXV-XXVI), on constate que les renseignements qu’il possédait sur sa vie n’étaient pas bien grands : ni date de naissance, ni date de décès. On peut donc supposer que Yann ar Guen n’est mort que lorsque Yann ar Minouz avait déjà une certaine popularité. De là à supposer une entrevue entre les deux bardes il n’y avait qu’un pas. Bien que je la croie inventée de toutes pièces, le lecteur n’aura pas lieu de se plaindre.
A. Le Braz avait connu Yann ar Minouz et avait pu se rendre compte de la popularité réelle dont il jouissait auprès du public trégorois. Mais cette popularité était moins grande que celle de Yann ar Guen; elle était aussi de moins bon aloi. Il y avait chez lui un certain laisser-aller, dont riait le public mais qui ne le détournait pas de lui. Y. Berthou raconte cette scène assez pittoresque :
« C’est sur la Levée (1) de Tréguier que je le vis se livrer un jour à une mimique d’un comique intense. Je ne sais plus s’il improvisait ou s’il psalmodiait de mémoire, toujours est-il qu’une lacune se produisit clans ses idées. Un proverbe affirme que « qui se sent morveux se mouche ». Yann faisait allusion à un morveux, soit au propre, soit au figuré. Or, ni en breton, ni en français, le mot ne pouvait sortir. En désespoir de cause, Yann se prit le nez entre le pouce et l’index et fit en sorte que tout le monde comprit ».
Au cours de mes recherches, j’ai trouvé deux autres textes qui nous le montrent exerçant sa profession de chanteur :
« Yann [ar] Minous... était au haut de la Levée [de Tréguier], il faisait aller sa tête de droite à gauche pour marquer la mesure, passait la feuille à un acheteur, interrompait sa complainte pour le remercier. Un salut à J. L..., puis il continua sans s’occuper si la vente marchait, saisi du feu sacré, grisé par ses propres vers... » (Fois Prima, Mablouis, p. 83).
Le second est tiré d’une petite notice que lui consacra l’Indépendance bretonne (de Saint-Brieuc) dans son n° du 2 juillet 1892, quelques jours après sa mort :
« Tosléet d’am chileo..., chantait Yann dans nos bourgs, et l’on approchait, surtout les gamins. On faisait cercle, Yann au milieu chantait, battait la mesure avec sa tête et ses gros sabots de bois, ses chansons étalées devant lui. Il les vendait un sou ou deux sous pièce; c’était son seul moyen d’existence. »
Dans l’article dont j’ai donné plus haut un passage, Y. Berthou nous fournit un autre renseignement sur Yann ar Minouz qui a aussi un certain intérêt, quand il nous parle de sa voix : « il avait une voix nasillarde du plus déplorable effet, au point que son nom aurait pu être Yann ar Manouz ». Cette voix nasillarde des chanteurs et chanteuses qu’il eut l’occasion d’entendre avait vivement frappé Bourgault-Ducoudray, lors de la mission qu’il accomplit en août 1881 pour recueillir les mélodies populaires de la Basse-Bretagne. Le musicien dit même que « les Bretons ont ceci de singulier que, pour eux, chanter du nez n’est point un défaut; c’est, au contraire, une qualité indispensable pour que l’exécution soit véritablement fine et raffinée » (2).
S’il avait eu l’occasion d’entendre Yann ar Minous, il aurait pu noter que le plus populaire des bardes chanteurs de son temps ne faisait pas exception à la règle.
Les chansons qu’il a composées roulent sur les sujets les plus divers. Mais il ne me parait pas que, à l’exemple de Yan ar Guen, Lédan et d’autres, il en ait fait sur les crimes et les faits sensationnels de son temps. Du moins, je n’en vois pas dans le nombre, restreint, de celles que j’ai eues entre les mains. Les chansons, dont je n’ai que les titres, ne semblent pas appartenir également à cette catégorie. En existe-t-il parmi les 300 que lui attribue Ch. Le Goffic, nombre au sujet duquel j’ai fait des réserves dans l’Introduction?
A consulter : La mort d’un barde. (L’Indépendance bretonne, de Saint-Brieuc, 2 juillet 1892); — E. Berthou, Le Trégor à travers champs. — Les Bardes nomades : Yann ar Minous (Le Clocher breton, septembre 1910); un texte breton de cette étude a paru dans Le Consortium breton, janvier 1928, avec reproduction d’un portrait de Yann ar Minouz par Th. Salaün; — A. Le Braz, Au Pays des Pardons, édit. de 1900, p. 121-141; — Ch. Le Goffic, L’Ame bretonne, 1re série, p. 11-15 (Paris, Champion, 1908; in-12, VIII-415 p.); — une édit. illustrée parue en 1911 donne la reproduction du portrait de Yann ar Minouz par Th. Salaun; — François Prima, Mablouis, scènes de la vie bretonne, p. 82 et 199 (Paris, P. Godefroy, 51, -boul. Saint-Michel, 1909; in-12, IV-405 p.). — V. n°s 3, 38, 70, 133, 155, 164, 313, 373, 525, 550, 571, 574, 616, 769, 784, 801, 809, 879, 975, 1016 A-B, 1133.

(1) Cette Levée est la grande place de Tréguier, ou se dresse depuis quelques années la statue d’E. Renan.

(2) Trente mélodies populaires de Basse-Bretagne. Préface, p. 7.
[Ollivier, La chanson populaire bretonne sur Feuilles Volantes, p. 314-318.]

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