Distro d’an enklask
Oberour : Jaffrennou (François Joseph Claude)
Dave : A-00315
Anv : JAFFRENNOU
Anv bihan : François Joseph Claude
Adstummoù an anv : Taldir
Roll ar c’hanaouennoù evit an oberour-mañ : (78 kan)
Notennig katalog Ollivier
Jaffrennou (François) est né le 15 mars 1879 à Carnoët, dans la Cornouaille des monts, où son père était notaire. Sa mère, Anna Ropars, de Bolazec, était une fervente Bretonne (1).
Ses parents, quand il a douze ans environ, l’envoient faire ses humanités à l’Institution Notre-Dame de Guingamp. Pendant les deux ou trois années qu’il y passa, il rimaillait des sones et des gwerzes bretonnes, au grand désespoir de ses maîtres. Il va continuer et terminer ses études à l’École Saint-Charles, de Saint-Brieuc. Il était en seconde dans cet établissement (1895-1896), quand il fit la connaissance de M. F. Vallée, qui l’avait fait demander au parloir. M. Vallée, après quelques visites, soumit à Jaffrennou un projet qu’il nourrissait : créer à Saint-Charles un cours de breton. Tous deux, en unissant leurs efforts, parvinrent à en faire une réalité : M. Vallée se chargea d’aller trouver le Directeur de l’École et d’obtenir l’autorisation, Jaffrennou de recruter des élèves parmi ses camarades. Ayant tous deux réussi, le cours de breton commença modestement avec six élèves et Jaffrennou en plus. L’année suivante le nombre en avait doublé.
Ses études étaient à peine terminées qu’en août 1898 eurent lieu de belles fêtes bretonnes à Ploujean et à Morlaix : comme conclusion, ce fut la fondation de l’Union régionaliste bretonne, avec comme président, Anatole Le Braz. Les Bretons bretonnants qui étaient accourus et prenaient part aux délibérations obtinrent que fut créée une section de langue et de littérature bretonnes : M. F. Vallée fut désigné comme président et Jaffrennou comme secrétaire.
En 1898-1899, Jaffrennou passe une année à Morlaix : chaque semaine, dans le journal La Résistance, il publie une « page bretonne ». Au début de 1899, il fait paraître son premier recueil de poésies bretonnes, An Hirvoudou (Saint-Brieuc, R. Prud’ homme), qui reçoit du public breton un accueil enthousiaste. En juillet, Jaffrennou se rend au Pays de Galles, avec une délégation pour assister aux fêtes bardiques de Cardiff, et à l’Eistedclfodd qui s’y tint le mardi 18 juillet, il reçoit et le titre de barde et le nom de Taldir ab Herninn. Le 20 août de cette même année, la troupe de Ploujean qui s’était illustrée, au mois d’août précédent, en représentant le vieux mystère de Saint Gwennolé, joue de lui, à Ploujean, une petite comédie en trois actes, Ar Bourc’hiz lorc’hus (Morlaix, F. Hamon, 1899), dans laquelle il ridiculise un bourgeois qui se dit antibreton. C’est aussi à peu près à cette même époque qu’à Saint-Michel¬en-Grève, il fonde le Ti Kaniri Breiz, de concert avec Y. Berthou, A. Lajat, F. Even et quelques autres.
En octobre 1899, Jaffrennou va à Rennes faire son droit, ses parents désirant faire de lui soit un notaire, soit un avocat ou un magistrat. Tout en étudiant les différents Codes, il n’oublie pas qu’il est Breton. Deux mois environ après son arrivée à Rennes, il fait la connaissance du directeur de 1’ Ouest-Eclair, alors à ses débuts, plutôt difficiles, et obtient de lui de publier dans le journal, tous les lundis, deux colonnes de breton. Cette innovation fut heureuse pour le journal, car elle influa sur la vente dans les départements bretonnants. Quelques mois après, Jaffrennou fondait à Rennes la Fédération des Étudiants bretons, dont il devenait le président. Au mois de juillet, c’est la publication de son deuxième recueil de poésies, An Delen dir (Saint-Brieuc, R. Prud’homme, 1900), dont le succès fut égal, sinon supérieur, au premier.
Son service militaire accompli en partie au 48e de Guingamp, en partie au Peloton des Dispensés, à Saint-Brieuc, sa licence de droit terminée, Jaffrennou revient à Carnoa, travailler avec son père, dans la pensée de devenir notaire comme lui. Tout en transcrivant des actes sur papier timbré, il songe à publier une revue bretonne qui rassemblerait autour d’elle tous les Bretons bretonnants. Et il vient à Morlaix chercher un imprimeur pour mettre son projet à exécution. Il trouve en Alexandre Le Goaziou, qui dirigeait l’imprimerie de sa mère, le Breton le plus apte à le comprendre. Le projet est mis au point et, après une circulaire adressée à un millier environ d’abonnés probables qui donna des résultats plutôt inespérés, le premier n° d’Ar Vro paraît le lei mars 1904. Devant le succès, Jaffrennou et A. Le Goaziou décident de s’associer, pour créer à Carhaix une imprimerie destinée à publier et Ar Vro, et un journal bilingue, Ar Bobl, chargé de répandre, dans un milieu plus étendu, les idées régionalistes et bretonnes. Autour de cette revue et de ce journal s’étaient groupés tous les écrivains, bretons et français, qui s’étaient fait un nom dans le mouvement régionaliste breton.
Il serait trop long de rapporter ici ce que fut l’activité bretonne, toujours bien grande, de Taldir durant la période qui va de la fondation de ces deux organes à leur disparition, en août 1914, occasionnée par la guerre qui éclata entre la France et l’Allemagne. Il n’est guère d’événement touchant au mouvement breton auquel il n’ait pris part. Il y a lieu cependant de rappeler qu’en 1911, grâce à la générosité de Mme Lemonnier, il publia Breiziz, anthologie avec des notices bio-bibliographiques, encore à consulter malgré certaines inexactitudes et erreurs : c’est en effet le seul ouvrage qui permette d’avoir une vue d’ensemble sur le mouvement littéraire breton au xixe siècle. En 1913, il obtint le grade de Docteur de l’Université de Rennes avec une thèse écrite en breton sur Prosper Proux : en la publiant, Taldir y adjoignit les œuvres publiées par l’auteur et un certain nombre de pièces inédites.
La guerre achevée, durant laquelle, comme ses compatriotes, il a fait son devoir dans les divers postes qu’il a occupés, Jaffrennou rentre à Carhaix. Les conditions nouvelles, créées par quatre ans d’hostilités, ne lui paraissent pas favorables pour reprendre le combat régionaliste, et il cède son imprimerie. Son activité bretonne s’affirme désormais en prenant part à toutes les manifestations ayant trait à la langue, au costume et à la danse. Mais son effort le plus grand il le donne au Gorsedd.
Sous sa direction, la société des Bardes prend une ampleur jusque là inconnue, et les fêtes qu’il préside, chaque année, dans des localités choisies aux quatre coins de la Bretagne bretonnante, rivalisent avec celles que donnent, à peu près à la même date et l’Union régionaliste bretonne et le Bleun-Brug. A la mort d’Y. Berthou, Taldir est élu Grand Druide par les Bardes.
En 1927, Jaffrennou devient administrateur et directeur littéraire du Consortium breton. Quand, après juin 1928, cette revue mensuelle disparut par suite de certaines circonstances, il fonde, avec un comité, une autre revue, mais trimestrielle, destinée à la remplacer. An Oaled, sous son habile direction, connaît une prospérité et un succès qui n’ont fait que grandir. La guerre ayant éclaté en septembre 1939, Jaffrennou a annoncé la suspension de la revue avec le n° du dernier trimestre de 1939. — V. n°s 123 (2), 171, 703, 804, 807 a-c, 813 a-c, 1023, 1076 (n°s 2, 3, 4, 5 (sauf la dern. chanson), 6), 1083.
Œuvres : En dehors de celles déjà citées, il y a lieu de mentionner : Barzaz Taldir I (Paris, H. Champion, 1903); II (Carhaix, Imprimerie du Peuple, 1911); III (Rennes, « L’Ouest-Éclair », 1923); Taldir Barde, Choix de Poèmes. (Paris, E. Figuière, 1933); Teatr Brezonek poblus. (Keraez, Moullerez ar Bobl, 1911); Gériadur gallek-brezonek (Keraez, Moullerez ar Bobl, 1913).
A consulter : H. de la Guichardière, Fanch Jaffrennou, Barz « Taldir ab Herninn » (Rev. de Bretagne, sept. et nov. 1904, février et août 1905); — F. Jaffrennou, La Genèse d’un mouvement. Articles, doctrines et discours (Carhaix, Impr. du Peuple, 1912); — Taldir, Envoradennou (An Oaled, n°s 49, 53, 66 et 68). — Ch. Le Goffic, Dans la Cornouaille des Monts. (François Jaffrennou, dit Taldir) (L’Arne Bretonne, II, p. 24-36).
(1) A la mort de sa mère survenue en 1913, Jaffrennou, avec un zèle pieux et filial, publia un choix de gwerziou composées par elle : En envor euz Anna Ropars (1839-1913) — Eun dibab euz he gwerziou. (Keraez, Moullerez Ar Bobl, 1913).
(2) V. Jaffrennou, Origine du Bro goz ma Zadou (An Oaled, n° 52, 1935, p. 163-165).
[Ollivier, La chanson populaire bretonne sur Feuilles Volantes, p. 290-293.]
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