Chansons bretonnes sur imprimés populaires
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Auteur : Rolland (Charles)

Référence : A-00666
Nom : ROLLAND
Prénom : Charles
Variantes de nom : Mab ar C’hantonnier, Monik Koat Freo, Pierric, Pierrik an Ty Nevez, Roll-Diroll

Liste des chants recensés pour cet auteur : (116 chants)

Notice du catalogue Ollivier

Rolland (Charles) est né en 1862 à Lannéanou (Fin.), aux abords de Coat-ar-C’herno. Son père était cantonnier (d’où la signature du n° 1044); sa mère était originaire du pays de Plestin (C.-du-N.). En écoutant sa mère chanter les vieilles gwerziou et soniou qu’elle avait apprises dans son enfance, le jeune Charles prit goût aux vieilles chansons et les apprit à son tour. A l’âge où, devenu plus grand, il pourra fréquenter les veillées, il les chantera et y mêlera de temps en temps des rimoustadennou de sa composition.
Il accomplit cinq ans de service dans la marine, comme « skrivanier ’bars er vortaolodet », c’est-à-dire fourrier. Il avait déjà fait deux ans en France, quand il fut désigné pour embarquer sur le Navarin, bateau qui devait conduire à Nouméa et un détachement de troupes pour la relève et des condamnés aux travaux forcés à destination de la Nouvelle-Calédonie. C’est avant cet embarquement, en 1882 et 1883, que ses premières chansons furent publiées sur feuilles volantes chez Mme Haslé, à Morlaix (n°s 829 et 414). Un mois après son arrivée à Nouméa, Ch. Rolland quitta le Navarin pour la Dives, bateau chargé de visiter les principales stations de ces colonies lointaines et de faire la liaison entre elles. Deux ans durant, il sera vaguemestre sur la Dives. En dehors de ses heures de service, il se réunissait aux marins bretons éloignés comme lui du pays natal, et avec eux il causait du pays et chantait :
N’hag a bed gwech ne m’eump ket, ’vit terri houm anui,
Kanet zouniou Breiz-Izel pep hini he hini,
Diwar bount hor batimant, en eur c’hoing a goste,
Ruskellet 11 a r ar mor bras dirak Iagad Doue.

Pendant son séjour là-bas il composa des poésies bretonnes en l’honneur de Breiz-Izel; il célébrera également Guerlesquin qu’il avait adopté comme sa commune natale, probablement parce qu’il y avait fréquenté l’école primaire et qu’il y avait acquis de bons camarades d’enfance tels que ces « Gwill et Ambazik Jaouenn, Gwillou Kojean, Pipi Lirzin a tri mab ar Gwegan a Gernavalenn » auxquels il dédiera la pièce intitulée Bez eur gwir Vreizad qu’il fera en revenant en France. C’est vraisemblablement là-bas aussi qu’il écrivit les premiers chapitres de Avantur eur mortaolet yaouank a Vreiz-Izel (1), poème breton fait sur le modèle de Avanturiou eun den yaouanq a Vreiz-Izel (Morlaix, Lédan, s. d. ; in-12, 39 p.).
Rentré en France, et libéré du service, Ch. Rolland revient au Guerlesquin. Il s’y établit comme horloger; quelques années après il adjoindra à ce commerce celui d’une chapellerie. Entre temps, et pendant quelques années seulement (vers 1900) il est facteur des postes au Guerlesquin, mais il donnera sa démission : je crois que des démêlés avec le député de sa circonscription n’y furent pas étrangers.
De très bonne heure, les luttes politiques l’attirent : Ch. Rolland se donne tout entier — car c’est un convaincu — à la propagande qu’il fait en faveur des idées socialiste et anticléricale et des candidats qui les soutiennent. Il a la parole facile et abondante; ses discours sont sans apprêts, pleins de verve et mêlés de réparties vives, promptes et justes.
Je me souviendrai constamment de la première rencontre que je fis de vous. C’est dans un wagon de 3e classe sur la petite ligne de Lannion à Plouaret. Dans le compartiment touchant le mien, sept ou huit paysans écoutaient, les mains aux genoux, un gaillard de fière mine qui, debout au milieu d’eux, discourait d’une voix retentissante, dominant de son verbe sonore le fracas du train. Il avait les traits animés, le geste large, le regard plein de feu, la parole naturellement éloquente. Il fulminait contre les bourgeois, contempteurs des vieilles traditions, renégats du vieil idiome. Et les invectives imagées se pressaient sur ses lèvres avec une abondance homérique. Et je demandai, séduit, captivé moi-même par la chaleur communicative qui se dégageait de sa personne, quel était donc ce magnifique apôtre campagnard.
« — Comment? se récria-t-on, vous ne connaissez pas Rolland, Charles Rolland, du Guerlesquin?... » (2)
Il n’est pas, à mon avis, de portrait qui nous dépeigne mieux ce qu’était Ch. Rolland propagandiste. Tel nous le montre A. Le Braz, dans ces quelques lignes, discourant devant un auditoire assez restreint, tel vous pouvez vous le figurer devant une assistance plus nombreuse, soit dans une auberge, soit au milieu d’une foule amassée autour de lui sur la place publique ou dans un pardon. Son public, — bien qu’il n’accepte pas toujours ses idées, — l’écoute avec intérêt, car Ch. Rolland lui parle dans la langue que ce public apprécie le mieux, le breton. En outre, comme avec lui la chanson, politique ou non, ne perd jamais ses droits, et qu’il sait mieux que personne combien son public des régions du Poher et du Bas-Tréguier aime à entendre chanter, Ch. Rolland, chaque fois qu’il le peut ou le juge nécessaire, ne manquait jamais d’associer des chansons à sa propagande.
Les chansons politiques constituent, si je ne m’abuse, la plus grande portion de son œuvre imprimée sur feuilles volantes. Bien qu’écrites avec verve elles n’en forment pas la meilleure partie. A distance, ces chansons ne produisent pas sur nous l’impression qu’elles faisaient sur ses auditeurs : les sous-entendus et allusions nous échappent. Je ne suis pas le seul à le penser, comme me l’avoua Ch. Rolland lui-même, le 2 mars 1939, la dernière fois que je le vis, chez moi, où il était venu me dire bonjour en passant.
L’Union Régionaliste Bretonne, fondée à Morlaix en 1898, avait créé des concours de poésies bretonnes (soniou et gwerziou) : Ch. Rolland y prit part, et il obtint presque toujours des récompenses, bien qu’il eût de redoutables concurrents comme T. Le Garrec, Dirnador (Y. Le Moal), Gab Liskildry (abbé G. Lefèvre), Ch. Guennou, etc... Au Congrès de 1900, sur la proposition de Ch. Le Goffic, on mit au concours pour l’année suivante une pièce de théâtre populaire sur l’alcoolisme, « Ar Vesventi ». Une dizaine de pièces furent présentées. Ch. Rolland obtint le 3e prix avec sa pièce Ar Vesventi ! T. Le Garrec eut le 1er avec une pièce portant le même titre, et Dirnador le 2e avec Marivonik Abrant. Cette décision du jury mécontenta fort Ch. Rolland qui s’attendait à être classé premier. Il s’en prit aux membres du jury, et particulièrement à M. E. Ernault, avec lequel il engagea une polémique en vers.
Je crois que par la suite il s’abstint de prendre part aux concours de l’U. R. B.
Pendant la guerre de 1914-1915, Ch. Rolland nous a montré un autre aspect de son talent de barde : il écrivit de nombreux chants guerriers où il exaltait le courage de nos soldats. Il allait les chanter dans les communes de sa région préférée : le succès de certains d’entre eux fut suffisamment vif pour avoir eu deux ou trois éditions tirées à plusieurs milliers d’exemplaires.
Ch. Rolland a écrit aussi quelques chansons en français.
On remarquera qu’au pied de ses chansons, après son nom, se trouve très fréquemment le titre de « Conseiller municipal de Guerlesquin ». Ch. Rolland était très fier de cette marque de sympathie à lui témoignée par ses compatriotes.
Il est décédé au Guerlesquin dans les derniers jours de février 1940.
Œuvres : outre les chansons publiées sur feuilles volantes, on peut citer : Avantur cur mortaolet yaouank a Vreiz-Izel (in-12); — Ar pevar mab Hemon, mystère breton en une journée et cinq actes (Morlaix, F. Hamon, 1900; in-8°, 157 p.) : les actes 1, 4 et 5 sont de T. Le Garrec; les actes 2 et 3 de Ch. Rolland; — Ar Vezventi! (Morlaix, F. Hamon, 1901; in-80, 12 p. n. ch. - 143 p.); — Kaniri nevez Bro Breiz (Guingamp, P. Le Goaziou, 1901; in-8°, 23 p.) : cette brochure, qui a eu deux éditions, contient des traductions en vers bretons de plusieurs chansons françaises connues; — Da Baotret stard Breiz (Tréguier, A. Ourgant, s. d. (1902); in-8°, 7 p.); la 2e édition porte le titre : D’an Dud a Iliz (Morlaix, A. Chevalier, 8-902; in-12; 15 p.); — Gwerz Ernest Renan a Landregcr (Morlaix, Mme Chevalier, s. d.; in-8°, 16 p.); — Klemgan Fanch-Mari Luzel (3) (Morlaix, A. Chevalier, s. d. (1906); in-8°, 16 p.); etc...
Des poésies bretonnes de Ch. Rolland ont paru dans L’Hermine (1895 et 1898); Mouez ar Vro (1920); Le Petit Breton (1926 et 1927).
A consulter : A. Le Braz, Lettre-Préface (datée : Quimper, Stang-ar-C’hoat, 17 juin 1901) du vol. Ar Vezventi! par Ch. Rolland. — Lagadec (F. Jaffrennou?), Charlez Rolland, avec portrait (An Oaled, année 1934, p. 148-152). — V. n°s 12, 17, 42, 43, 46 A-B, 60, 68, 365, 414, 452, 631, 671, 735, 755, 759, 806 A-B, 813 f, 829, 850, 857, 858 A-C, 860, 865, 867, 902, 910 A-B, 911, 912, 927, 1032, 1040, 1044, 1062, 1077, 1096, 1112, 1113, 1115, 1119, 1131, 1137, 1138, 1143, 1153. — V. aussi à 870 B-C.

(1) L’exemplaire que j’ai eu entre les mains était en assez mauvais état, pour avoir traîné longtemps dans la poche. La page de titre et les derniers feuillets manquaient. Je ne puis donc dire chez qui il a été imprimé.

(2) A. Le Braz, Lettre-préface pour le vol. Ar Vezvenin de Ch. Rolland.

(3) C’est à la demande d’A. Le Braz que Ch. Rolland composa ce Klemgan en l’honneur de Luzel. Voici en effet ce que lui écrivit à ce sujet A. Le Braz, à la date du 3 avril 1895 : « ... Que n’écrivez-vous l’élégie (Klemgan) de François-Marie Luzel, notre dernier barde! Voilà un beau sujet et digne de vous tenter. Essayez quelque chose dans le même genre et adressez-le moi. Je le ferai publier. Je suis sûr que, dans sa tombe, mon vieil ami en tressaillera ». Le Klemgan fut en effet publié par les soins d’A. Le Braz dans l’Hermine, 20 déc. 1895, p. 106-118. Ch. Rolland le publia en brochure quand fut inauguré à Plouaret, le 2 septembre 1906, le buste de Luzel.

[Ollivier, La chanson populaire bretonne sur Feuilles Volantes, p. 341-345.]

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